Damkunst

La neuvième partie s’est en fait déroulée comme prévu. Nous avions trouvé une nouveauté dans l’ouverture pour le surprendre, et le plan technique derrière cette nouveauté s’est également parfaitement concrétisé. Ma gestion du temps était excellente, j’étais bien concentré à la table, et j’ai obtenu un avantage quasiment gagnant. En plus, ça m’a fait du bien de voir qu’il était loin d’être aussi solide qu’il essayait de le faire croire ! Des fissures commençaient peu à peu à apparaître dans son jeu, et c’était le moment de maintenir la pression.
Bien sûr, en parallèle, j’étais vraiment dégoûté d’avoir raté l’occasion avec 43.44-39!, mais je ne pouvais pas me permettre d’y rester bloqué trop longtemps ; après chaque partie, j’avais généralement encore deux ou trois heures avant le dîner, puis nous enchaînions déjà avec la réunion d’équipe en vue de la partie suivante. Pendant ces quelques heures, je sortais souvent marcher, courir ou faire du vélo pour me vider la tête.
La réunion d’équipe de ce soir-là s’est déroulée un peu comme la précédente. La première question qu’on s’est posée, c’était de savoir si on voulait rejouer l’ouverture de la huitième partie, mais cette fois avec la prise double. À mes yeux, il n’y avait aucune bonne raison de le faire : il obtiendrait à nouveau vingt coups gratuits dans l’ouverture, et tout ça pour une différence de quelques centièmes.
En plus, nous avions décidé en principe de ne plus répéter d’ouvertures précédentes, donc je voulais tenter quelque chose de nouveau.
Cela voulait dire aussi qu’il fallait plus ou moins improviser de nouvelles idées sur le moment. Ce n’était pas simple ; dans beaucoup d’ouvertures que je joue souvent, il avait une forme de contre-jeu qui, de toute façon, ne me plaisait déjà pas. Finalement, j’ai choisi une idée d’ouverture que je connais de Wouter Sipma, avec pour objectif d’avoir au moins une position classique fermée après l’ouverture. Plus tôt dans le match, il n’avait pas bien géré ce type de position, ce qui m’a redonné espoir.